L’Assemblée nationale a adopté mercredi, par 389 voix sur 390, une proposition de loi pour la reconnaissance et la protection des peuples autochtones de RDCongo. Le texte avait été déposé par le député Garry Sakata en 2019 et examiné à partir de novembre 2020.
Les pygmées sont de 750.000 à un million des 80 millions d’habitants du Congo et vivent dans 21 de ses 26 provinces. Ils ont toujours vécu dans la discrimination imposée par leurs compatriotes.
On estime que 99% des femmes pygmées sont analphabètes ainsi qu’une proportion à peine moindre des hommes. Les enfants pygmées ne vont pas à l’école parce qu’ils en sont chassés par les « Bantous ». Les femmes accouchent rarement en maternité, faute d’argent et parce qu’elles en sont chassées. Souvent expulsés de leur milieu naturel, la grande forêt, quand des villageois ou des entreprises s’y installent, ils sont rejetés à l’écart des autres Congolais dans les lieux d’habitation. Leurs enfants ont peu accès aux programmes de vaccination. Ils ne peuvent payer pour des soins de santé et, hors la grande forêt, n’ont plus accès à leur pharmacopée traditionnelle. Ils ne sont pas pris en compte dans la règlementation sur les concessions forestières exploitables par les communautés locales. Ils n’ont pas accès à la justice, faute d’argent, et quand ils déposent plainte pour des exactions contre eux, il y a rarement une enquête.
Ces injustices ont provoqué le soulèvement des pygmées à Idjwi (île du Sud-Kivu ) et surtout, depuis 2013, dans la province du Tanganyika (Grand Katanga), où les violences entre pygmées et bantous ont provoqué le déplacement de 20% de la population en 2017.
La proposition du député Garry Sakata prévoit de leur donner un accès gratuit à l’école primaire – comme tous les petits Congolais depuis l’arrivée à la Présidence de Félix Tshisekedi – ainsi qu’à l’école secondaire; le programme sera adapté à leur mode de vie. De les consulter quand un projet de développement affectera leur vie, en vue d’obtenir leur consentement. De reconnaître leur droit à la terre et aux ressources naturelles. De bénéficier de la gratuité des soins de santé, de l’accès à la justice et de l’inscription à l’état civil.
Le projet a été envoyé à la commission mixte pour examen.
Marie-France Cros.
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