Voici ce qui s’est réellement passé
Mercredi 31 mars dernier, une panique s’observe dans la ville de Butembo, plus de 250 Kilomètres au nord de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, dans l’Est de la République Démocratique du Congo. À la base, l’interception dans la soirée du mardi 30 mars, d’un véhicule du Programme Alimentaire Mondial (PAM), soupçonné par certains jeunes du quartier Vuteste, de transporter des effets militaires et des personnes suspectes. Des affirmations partagées également sur les réseaux sociaux notamment Facebook et WhatsApp. Si certaines confirment la détection des effets militaires d’autres par contre se réservent.
Récit de faits
Il était 18 heures 45 minutes, un véhicule de marque KAMAZ en couleur bleu avait stationné aux côtés opposé de la station ECY OIL situé au quartier Vuteste dans la commune de Kimemi. Une dizaine de passagers dont deux femmes et des sacs des haricots étaient à bord, constate un membre de Congo Check, qui était sur place. 10 minutes après, un groupe de motards klaxonnent derrière le véhicule et exige qu’un contrôle soit effectué.
« Il y’a des personnes suspectes dans ce véhicule », racontent ces motocyclistes. « Des gens qui parlent une langue méconnue dans la zone, vérifions s’il n’y a pas des armes ou s’ils ne sont pas des ADF », insistent-ils. Dans cette brutalité, ces jeunes font descendre deux sacs de haricots qu’ils ont démolis par terre et emportent la batterie du véhicule. Les passagers pris par la peur ont aussi pris une destination inconnue. C’est grâce à l’intervention de la police que le véhicule a été sécurisé jusqu’au petit matin du mercredi 31 mars dernier.
Identité des passagers
Abordé par Congo Check, l’aide chauffeur dudit véhicule témoigne : « Nous avons apporté de l’aide à 13 personnes. 10 sont venues de Goma et parlent Mashi [langue traditionnelle de l’ethnie Shi, parlée au Sud-Kivu : ndlr]. Elles se dirigent à Manguredjipa dans les carrières d’or et deux autres sont des épouses de militaires qui ont pris place à partir de Lubero et vont à Komanda rejoindre leurs époux militaires. Rien de suspect n’est à bord car cette cargaison d’haricots du PAM va à Bunia », s’est il exprimé à Kiswahili le Mardi 20 mars dans la soirée.
Jusqu’à mercredi 31 mars dans la mi-journée, la tension est montée à Vutetse en dépit de la présence de la police appuyée par quelques éléments des Forces Armées de la RDC. La foule composée essentiellement des motards et certains jeunes des groupes de pression n’a pas cru aux propos de conducteurs de cet engin. Elle exige que la cargaison soit vérifiée avant tout déplacement de ce véhicule pour Bunia. Sur ordre des autorités urbaines, le véhicule est conduit à l’hôtel de ville sous escorte des éléments de la police et de l’armée pour une fouille systématique.
Pas d’arme ni minutions de guerre retrouvées dans le véhicule
Au terme de la fouille effectuée dans les enceintes de la mairie de Butembo, aucune arme ni minutions n’a été retrouvée dans le véhicule confit le commandant urbain de la police.
« On a fouillé tous les sacs, on n’a trouvé aucun indice. Donc il n’y avait ni munitions ni armes. Sauf qu’à bord de ce véhicule il y avait deux femmes de militaires, notamment l’épouse du premier sergent-major Beluka Vincent, chauffeur du général-major Opia. Cette femme quittait Lubero pour Komanda. Il y avait aussi l’épouse du sergent Selege Ekabengu, garde du corps du général Opia. Quand on fouillait le sac, on a remarqué dans un sac un tricot militaire, une chemise militaire et puis un pyjama. Cette découverte a fait déborder la vase, la foule voulait à tout prix brûler le véhicule et la marchandise qui s’y trouvait. La police ne pouvait pas laisser faire. Elle était obligée de disperser la foule parce qu’il fallait protéger le véhicule, les biens, voire le bâtiment de la mairie », a expliqué le commissaire urbain intérimaire Polo Ngoma.
Le véhicule intercepté, est-il du PAM ou d’un privé ?
Dans un entretien avec le commissaire provincial en charge des affaires humanitaires au Nord-Kivu, le jeudi 1er avril dernier, le chef de bureau du Programme Alimentaire Mondial (PAM) a fait savoir que le véhicule intercepté à Butembo a été pris à location par son organisme.
« On a effectivement pris un camion de transporteur privé qu’on a commandité pour amener 10 tonnes des haricots de Goma à Bunia. Ce transporteur privé a traîné déjà et il a pris l’initiative d’embarquer l’épouse je crois d’une autorité militaire qui avait avec elle des effets de son mari. Il semblerait que ça créé une suspicion à l’arrivée à Butembo et le lendemain il y’a eu fouille et on a retrouvé ces effets dans le sac de cette femme », a fait Erwan Rumen.
L’aide chauffeur a confirmé à son tour à Congo Check que ce véhicule a été pris en location par le Programme Alimentaire Mondial (PAM).
congocheck.net
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